La néo-paysannerie comme quête d’écologie temporelle. Une analyse du rapport au travail au sein de collectifs autogérés du Sud-est du Massif central français

Résumé

Étudier les collectifs autogérés néo-paysans selon le paradigme des temporalités multiples permet de saisir la complexité de leur rapport au travail. La notion « d’écologie temporelle », qui statue de la juxtaposition, de la coordination et des rapports de domination entre les différentes temporalités (biographiques, idéologiques, sociales et naturelles) rend possible cette entreprise. La première partie de cet article fait état de la construction de l’hégémonie de la temporalité sociale liée au rapport salarial en contexte capitaliste. J’argumente dans cet article que c’est précisément ce contre quoi se tentent de se mobiliser au quotidien les personnes que j’ai rencontrées. Celles-ci mettent effectivement au cœur de leur initiative le fait de vivre selon des « temps choisis ». Je décrirai ainsi, dans une deuxième partie, quels arguments ils mobilisent dans cette critique sociale et comment cela influence leur projet d’installation. Leur organisation d’un travail qui se veut émancipé a toutefois des limites, et la troisième partie montrera comment leurs souhaits d’émancipation au travail se confronte aux exigences de flexibilité et de disponibilité que demandent à la fois le mode de vie néo-paysan et l’organisation collective autogestionnaire. La « valeur travail » demeure ainsi, malgré le travail de déconstruction qui est développé.